lundi 27 août 2012

Reggae

Reggae

 

Le reggae est la plus populaire des expressions musicales jamaïcaines.
Il est devenu, à la faveur de son succès international, un style musical internationalement apprécié, porteur d'une culture qui lui est propre. Le reggae est souvent lié au mouvement Rastafari, lui-même né en Jamaïque. 

« Il y a d'abord le mento, notre musique locale traditionnelle. Le ska, le rocksteady et le reggae ont pris au mento le jeu à contretemps de la guitare rythmique, et aussi certaines chansons transformées. Si on essaie d'établir des relations entre les musiques, et de voir quelles continuités existent d'une période à une autre, on peut isoler le jeu à contretemps de la guitare, que l'on peut entendre dans le mento avec le banjo, le ska, et qui correspond aussi au contretemps dans le rhythm and blues et en particulier dans le piano boogie-woogie. C'est le "beat" entre les temps, c'est le Tin-Cutin'-Cutin' -Cutin', c'est le un ET deux ET trois ET… Tu le retrouves dans toutes nos musiques, le reggae, le calypso, le mento, la musique de la Martinique, de la Guadeloupe, tu le retrouves dans le hi-life, mérengue. De plus cette attirance vers l' "after-beat" se retrouve dans les églises, avec les rythmes des tambourins, des claquements des mains… Une grande part du mento provient de la musique populaire. Mais nous avons aussi des traditions folk très fortes, qui pénètrent dans la musique à différentes étapes de son développement. Par exemple tu as la musique Burru, le tambour traditionnel africain sur lequel les gens font des chansons sur les évènements locaux. Ces chansons sont celles qu'ils chantent en creusant dans les champs, des diggin'songsLinton Kwesi Johnson1. »
Le reggae est apparu à la fin des années 1960. Il est le fruit de nombreuses rencontres et de métissages : évolution du ska et du rocksteady, il trouve ses racines dans les musiques traditionnelles caribéennes comme le mento et le calypso, mais est aussi très influencé par le Rhythm and blues, le jazz et la soul music (la musique américaine est alors très en vogue en Jamaïque). À ces influences s'ajoute celles de musiques africaines, du mouvement rasta et des chants nyabinghi, qui utilisent les tambours dérivés des cérémonies Burru afro-jamaïcaines. Ce métissage ne s'arrêtera pas là : aujourd'hui nombre de styles s'inspirent, intègrent ou reprennent le style reggae de par le monde. Le reggae est aujourd'hui une musique universelle, comme le souhaita son principal ambassadeur, Bob Marley.
Le terme apparaît en 1968 en Jamaïque, mais son origine est controversée. Il pourrait venir du mot d'anglais jamaïcain, "streggae", qui désigne une personne mal ou trop peu habillée, et de là, les prostituées2; ce mot aurait été modifié par une radio jamaïcaine de l'époque. Cette étymologie est également fournie par le grand producteur de reggae Bunny Lee qui l'explique au musicien et musicologue spécialiste de la Jamaïque Bruno Blum dans le film Get Up Stand Up, l'histoire du reggae3, précisant que les radios n'avaient pas aimé le mot péjoratif "streggae".
D'autres explications existent, comme celle qui en fait la contraction des expressions “regular guy”, “regular people”, en somme une musique faite pour “l'homme de la rue” (citation Bob Marley, interview [réf. nécessaire]). Pour le chanteur Bob Marley, le terme aurait des racines espagnoles et désignerait la « reine des musiques » (« la musica del rey »)4. Selon d'autres sources, il serait la contraction et l'altération du terme anglais « raggamuffin » (littéralement « va-nu-pieds ») 5 ou peut-être de rege-rege « querelle ». Autre hypothèse, « reggae » désignerait une tribu de langue bantou originaire du lac Tanganyika6. Derrière toutes ces étymologies possibles, se dessinent les particularités d'un genre musical fait d'héritages, de brassages, d'appropriations et de confrontation à la dure et rugueuse réalité. Enfin, dernière explication, le terme « reggae » découlerait de la spécificité de son rythme - «a ragged rythm» un «rythme déguenillé» ou «irrégulier» - comme le soutient le guitariste de studio Hux Brown 7. On ne peut pourtant s'empêcher de rapporter cette origine rythmique du mot "râga" 8 en inde qui désigne des cadres mélodiques fondés sur les théories védiques concernant le son et la musique. C'est certes probable du fait de la main d'œuvre indienne arrivée sur l'île (qui a également influencé de nombreux rites rasta : nourriture ital/végétarienne, chillum/chalice, ...). Tout aussi problématique est la question de la paternité du reggae en tant que genre musical proprement dit ; paternité qui, contrairement au rocksteady, est très controversée : certains attribuent le premier disque de reggae aux Maytals avec Do the Reggay en août 1968. Cependant, si Toots est certes le premier à utiliser le mot "reggae" dans une chanson, d'autres morceaux au tempo un peu plus rapide que le rocksteady ont déjà préfiguré le style au cours de l'année 1968. D'autres compositions se disputent le titre de premier reggae, dont le Bang A Rang de Stranger Cole et Lester Sterling (pour Bunny Lee), le Nanny Goat de Larry Marshall et Alvin (sous la direction de Jackie Mittoo, pour Studio One), la première version méconnue du Soul Rebel de Bob Marley parue chez JAD, et le No More Heartache des Beltones. Pop-a-Top de Lynford Anderson annonçait aussi en 1969 un nouveau style de rythme.
Cette première phase d'évolution du reggae, que l'on qualifie de période du "early reggae", est caractérisée par un tempo plus rapide, et l'accentuation du contretemps déjà présent dans le mento, le ska et le rocksteady. Puis le tempo ralentira, la basse se fera plus lourde encore, mais le reggae gardera cette base rythmique basse/batterie prédominante et ce mouvement chaloupé qui lui est propre.
Lee « Scratch » Perry est également à l'origine d'un des premiers succès reggae de 1968, Long Shot (interprété par les Pioneers, avec les jeunes frères Aston « Family Man » et Carlton Barrett à la basse/batterie), où il utilise une rythmique reggae. Scratch travaille alors pour Joe Gibbs et le quittera pour ne pas avoir été crédité pour son travail sur ce morceau [réf. nécessaire]. Il reprendra cet arrangement de basse/batterie à son compte et en fera son People Funny Boy, un succès jamaïquain. en se lançant dans la production, avec son propre label Upsetter (énerveur). Scratch utilisera par la suite des pratiques innovantes qui transformeront le reggae, comme l'introduction de bruitages (l'origine du sample). Il fondera également le légendaire studio Black Ark où seront enregistrés, entre autres, Bob & The Wailers, The Congos, Max Romeo, Junior Murvin.

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